Molo(kheya)

«Depuis le Caire, en passant par Rome et Bruxelles, nous ne devions pas rester en France et finalement… Le lundi 21 janvier 1957 nous arrivions à Paris, aujourd’hui nous sommes le lundi 10 septembre 2018 et nous y sommes toujours, enfin presque, Rueil- Malmaison, c’est pas loin de Paris, tu es d’accord ? »

Molo(kheya) s’inspire de la vie de Mary Soffer, partie brutalement d’Egypte et qui fera naître ses enfants en France, pays où elle finira par se sentir chez elle. Cet hiver 57, Mary et son époux troquent leurs légères vestes de lin pour des gabardines en laine de seconde main. La Croix Rouge sera l’hôte des quelques milliers de migrants apatrides en provenance d’Egypte.

«Quand nous arrivons en France, un monsieur de La Croix Rouge nous donne une enveloppe avec de l’argent pour les repas. Mais nous, on ne sait pas manger comme les Français ! Nous partons à la recherche d’une nourriture que l’on connaît et on la trouve dans une épicerie arménienne, métro Cadet. La première molokheya française, on la mange à six, dans une chambre d’hôtel, autour d’un réchaud de camping. »

Mary est le maillon central d’une grande famille victime de la diaspora. Elle fédère plusieurs générations autour de sa table, sa cuisine et son atelier de couture. La préparation de la molokheya, soupe traditionnelle égyptienne, est une excuse à recevoir, accueillir et rassembler cette grande famille. Transmettre cette tradition c’est faire perdurer l’amour des siens et la valeur du clan. Mary nous offre une traversée pleine de tendresse, d’éclats de rire, et de pragmatisme, tantôt dans sa cuisine en France, tantôt en Egypte. Nous sommes invité·es à voyager accompagné·es par la lumière et la musique au gré de sa voix et de ses émotions.

Après elGed(j)i, Rafaël Smadja et la compagnie Tenseï continuent leur exploration de l’héritage et de la transmission par la traversée et le mouvement. S’inspirant de la culture hip hop et croisant diverses disciplines, ils mêlent ici danse, musiques traditionnelle et moderne, enregistrements et jeux de lumières pour faire de Molo(kheya) une ode à la vie et au métissage.