Guten Tag, Madame Merkel

Guten Tag, Madame Merkel est un seul en scène épique et satirique sur la vie d’Angela Merkel. C’est l’histoire de cette politicienne sans charisme, comme elle aime à se définir elle-même, devenue la femme la plus puissante du monde. Avec une dizaine d’autres personnages à ses côtés, de Bismarck à Vladimir Poutine en passant par Nicolas Sarkozy, on suit sa vie de la chute du mur du Berlin jusqu’à la fin de sa carrière de chancelière, découvrant ainsi sous l’angle intime cette femme de pouvoir secrète à l’intelligence politique redoutable.
Mais pourquoi un spectacle sur Angela Merkel ?
Parce qu’Angela Merkel est une incarnation prodigieuse des contradictions de notre temps : d’abord, c’est une femme qui évolue avec sang-froid dans un monde d’hommes, qui a grandi dans un pays qui n’existe plus (la RDA), et qui dirige d’un oeil scientifique son pays alors que le monde autour de nous est en quête d’émotions et d’alternatives politiques.

Mais avant tout, Angela Merkel, c’est l’histoire d’une génération. Pour nos adolescents, c’est comme si elle avait toujours été là. Quinze ans au pouvoir, c’est une génération. L’Allemagne aujourd’hui, c’est elle. Enfant de l’Est, elle incarne la réunification du pays et en creux la honte des raisons de sa séparation.
A l’heure où plane sur les droits des femmes une odeur de soufre, Angela Merkel n’a jamais porté l’étendard féministe. Au contraire. Un jour qu’on lui demandait si elle était féministe, elle répondait : si ça peut vous faire voter pour moi, oui, mais je considère que je n’ai pas à m’octroyer ce mérite. Phrase énigmatique s’il en est, de la part de cette femme que les Allemands appellent avec affection « Mutti », Maman.
L’écriture de cette pièce est basée sur le principe des tragédies du XVIIe siècle : tout se passe dans l’antichambre. Ce que l’on voit, ce sont les discussions en off, l’intimité du politique que tout un chacun ne peut que fantasmer. C’est une porte ouverte sur les doutes, les manoeuvres en interne, les douleurs, les fiertés que seuls les proches du pouvoir peuvent voir. C’est aussi une tentative de démystification des héros politiques, pour ramener dans la sphère des humains ces êtres ordinaires au quotidien extraordinaire.