La Ferme des animaux

La Ferme des animaux de George Orwell fait partie de ces fables terribles et drôles qui, dans une histoire enfantine aux personnages grotesques, posent des questions existentielles. Cette fable animalière, devenue un classique, résonne de manière féroce aujourd’hui, en questionnant l’affirmation du pouvoir politique face à nos libertés. L’histoire, dans laquelle les animaux deviennent maîtres de leur ferme, illustre les mécanismes de révolte, de soumission et de manipulation d’une communauté.

L’adaptation théâtrale de Mathieu Létuvé joue avec les codes de la fable et du grand écran.

Ancrée dans un décor de Far-West, la façade de la ferme, avec ses plans-cadres, est un lieu de projection. Des dessins ponctuent l’histoire, comme un livre d’images pour enfants. Le comédien déroule le récit à la manière d’un conteur forain. Le projecteur Pani évoque la lanterne magique, l’enfance du cinématographe et des mythes hollywoodiens. Un musicien au plateau développe la matière sonore et musicale du spectacle, amplifiant le climat dramatique à la manière d’une bande originale. Un décalage ludique qui emmène le spectateur dans l’imaginaire du récit mais révèle surtout la profondeur inquiétante du conte, dans un dialogue troublant avec notre actualité.

La Ferme des animaux de George Orwell est un condensé de nos sociétés et de leurs potentielles dérives totalitaires. Une parabole qui met aussi en jeu la communication politique, la manipulation des idées et des individus, la propagande des idéologies et des lois, le contrôle par la peur, l’écriture ou la réécriture de l’histoire et de sa vérité.

Le Caliband Théâtre trouve encore, par le biais d’un théâtre très cinématographique, une manière « ludique » et non moralisatrice de requestionner notre fragilité face au péril démocratique.