Mesure pour mesure

Cette pièce décrit la souffrance d’un personnage promis à la mort pour un délit dérisoire : Claudio doit payer de sa vie un faux pas d’amoureux insouciant. L’intrigue se présente comme le parcours semé d’embûches d’un souverain fautif, le duc Vincentio, soucieux de réformer et de restaurer son autorité dans la cité de Vienne. Il reconnaît que son laxisme durant quatorze ans a entraîné une licence de mœurs. Prétextant une mission secrète en Pologne, le Duc confie la tâche de rétablir l’ordre moral à son cousin Angelo, juge intègre et très rigoureux. La nouvelle sidère le monde débauché des bordels de Vienne : la plupart des maisons de plaisirs seront rasées. Condamné à mort, le jeune seigneur Claudio est la première victime de cette soudaine nomination, mais le Duc, rongé par le remords, veut éviter la mort de cet innocent…

Mesure pour mesure fait partie des inclassables shakespeariens, entre tragédie et comédie, entre thriller et vaudeville. La pièce, relativement baroque, aborde une multitude de thématiques : l’éthique personnelle et la morale collective, le légal et le légitime, l’exercice du pouvoir, la rigueur, l’amour et le désir, etc.

Les personnages sont pour la plupart ambivalents et leurs dialogues révèlent de profondes interrogations : qu’est-ce que la droiture, est-ce le respect du droit ou d’une morale ? Qu’est-ce qu’une bonne intention politique lorsqu’elle est radicalement appliquée ? Le désir et l’amour doivent-ils être encadrés par les lois ? Toutes ces questions, et bien d’autres encore, sont le ressort de cette tragi-comédie dont le drame n’est déjoué que par une étrange intrigue, et la propension des personnages à jouer des rôles.

La compagnie Dodeka s’interroge sur les parallèles possibles avec notre histoire contemporaine, du régime de Vichy à celui des talibans afghans, du puritanisme de l’Amérique des années 30 au régime des mollahs iraniens. Sans aucun doute Mesure pour mesure appartient à ces œuvres intemporelles qui font sens à toutes les époques.
La compagnie travaille également avec des lycéens sur des ateliers de théâtre dans le cadre d’un Parcours Regards, projet soutenu par la Région Normandie. Ils présenteront aux élèves inscrits sur le parcours une forme in situ.